[433] »Si l'homme peut prédire, avec une assurance presque entière, les phénomènes dont il connait les lois; si lors même qu'elles lui sont inconnues, il peut, d'après l'expérience, prévoir avec une grande probabilité les évènemens de l'avenir, pourquoi regarderait-on comme une entreprise chimérique, celle de tracer avec quelque vraisemblance le tableau des destinées futures de l'espèce humaine, d'après les résultats de son histoire? Le seul fondement de croyance dans les sciences naturelles, est cette idée que les lois générales, connues ou ignorées, qui règlent les phénomènes de l'univers, sont nécessaires et constantes; et par quelle raison ce principe serait-il moins vrai pour le développement des facultés intellectuelles et morales de l'homme, que pour les autres opérations de la nature? Enfin, puisque des opinions formées d'après l'expérience... sont la seule règle de la conduite des hommes les plus sages, pourquoi interdirait-on au philosophe d'appuyer ses conjectures sur cette même base, pourvu qu'il ne leur attribue pas une certitude supérieure a celle qui peut naître du nombre, de la constance, de l'exactitude des observations?« – Condorcet, Esquisse d'un Tableau Historique des Progrès de l'Esprit Humain[434]

Quelle:
John Stuart Mill: System der deduktiven und inductiven Logik. Band 2, Braunschweig 31868, S. 433-435.
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